La première Mercedes Classe S de l’ère moderne

Succédant à la Mercedes W108, la W116 marque un grand progrès dans la politique de sécurité active et passive chère à la marque à l’Etoile. Nous sommes en novembre 1977 et l’Action Automobile et touristique essaye la Mercedes 280 SE version longue (SEL). Découvrez l’intégralité de cet essai réalisé par Jean-Pierre Malcher. Bonne lecture!

L’Essai

La Mercedes 280 SEL est la version la plus abordable de la haute gamme Mercedes, constituée par les limousines SL, ou SEL pour les modèles injection. Cette gamme comprend la 280 qui est dotée d’un moteur 6 cylindres ainsi que la 350, la 450 et la 6.9 L qui Action Automobile 1977possèdent, elles, de puissants 8 cylindres en V. Cette 280 SEL donc, en dépit de son prix respectable – 114 141 F – demeure une version considérée comme économique par une certaine clientèle. Tout est relatif. Il faut d’ailleurs remarquer qu’en 1976, les modèles S (SL et SLC confondus) ne représentaient que 11% des ventes sur le marché Français, contre 34% pour les modèles de la basse gamme (200 à 280 E) et 55% pour les versions Diesel. Ceci pour environ 14 000 véhicules vendus. Ces statistiques confirment bien que, même s’il s’agit de la petit limousine, la 280 SEL n’est pas à la portée de nombreux automobilistes. Disons-le tout de suite, la 280 SEL n’est ni un véhicule de tous les jours, ni un engin de rêve, mais simplement une très bonne automobile cossue, solide et finalement assez raisonnable. Une bourgeoise en quelque sorte.

Fidèle à son image de marque, Mercedes se préoccupe plus de la qualité de fabrication que des prix de revient et donc de la compétitivité à la vente. Ainsi la carrosserie autoporteuse de la 280 SEL utilisant le principe, désormais classique, des zones déformables avant et arrière, est-elle réalisée avec un soin particulier au niveau des soudures. Plus encore que la qualité de la tôle employée ou son épaisseur, c’est en effet la qualité des assemblages qui détermine une bonne rigidité de l’habitacle. A l’intérieur de cet habitacle, le rembourrage des montants et du cadre de toit, les rembourrages des portes, celui du volant, ainsi que l’agencement destiné à la protection des genoux complètent parfaitement, sur le plan sécurité, les qualités de la carrosserie. Mais, et ceci est en fait le plus important, la sécurité active n’est pas négligée. Ainsi, les freins dotés de dimensions généreuses sont à la hauteur des 1 650 kg à vide. La suspension à 4 roues indépendantes reprend, à l’avant, un système utilisé sur le fameux prototype C 111, autorisant, en toutes circonstances, une utilisation rationnelle du pneumatique. Mais au-delà de la résistance de la carrosserie, de l’efficacité du freinage ou de la qualité de la tenue de route, il faut noter une réelle recherche d’amélioration de la visibilité et de la maniabilité se traduisant par une disposition originale des axes de balais d’essuie-glace, ou encore par les très importantes gouttières de montant de pare-brise protégeant les vitres latérales des écoulements d’eau sale déviés par le pare-brise.

Finition et équipement : irréprochable

Nous avons évoqué déjà la qualité de construction des éléments mécaniques, il suffit de regarder la 280 SEL et de s’installer à son bord pour constater à quel point la présentation est, elle aussi, soignée. Certes, le « plastique » est largement utilisé pour le tableau de bord, le volant, les aérateurs, mais, de toute évidence, le matéMercedes 280 sel w116 interieurriau ici employé n’a qu’un très lointain rapport avec celui que l’on trouve sur les voitures de très grande diffusion. De plus, le moulage est parfait, les raccords sont impeccablement ajustés et les coloris sont harmonieux. L’équipement ne comporte pas de lacunes, puisque l’on trouve en série la direction assistée, le capitonnage luxe, les ceintures à enrouleurs avant et arrière, les lève-vitre électrique sur les 4 portes, le verrouillage central des portes, les appuie-tête aux quatre places, etc. Nous ne mentionnerons pas les équipements courants (lunette AR chauffante, poignée de maintien, etc.) que l’on trouve naturellement sur un modèle de ce prix. Parmi les options équipant notre voiture d’essai, il faut noter le système d’essuyage des phares (1 432 F), les roues en alliage léger (5 136 F) et le toit ouvrant électrique (3 532 F) ainsi que les vitres teintées avec lunette arrière en verre feuilleté (1 288 F). Autres options intéressantes, le climatiseur proposé pour 9 200 F et le capitonnage cuir pour 5 540 F.

Confort : une suspension excellent, mais des sièges toujours très durs

Nous le répétons à l’occasion de chaque essai, de Mercedes ou de Bmw, les sièges sont très durs. Si nous le répétons ainsi inlassablement, c’est parce que cela nous surprend toujours lorsque l’on quitte le moelleux de la plupart des sièges français, italiens et parfois même anglais. Il faut cependant reconnaitre que, grâce à une suspension ni trop souple ni trop ferme, on s’habitue fort bien à cette rigidité que l’on finit même par oublier totalement au cours d’un long trajet. Toujours au chapitre du confort il faut apprécier l’efficacité de la ventilation, en regrettant tout de même que l’option climatiseur soit proposée à un prix aussi élevé, la bonne disposition des accoudoirs et poignées de maintien ainsi que, pour le conducteur, la commande au pied du frein de stationnement ou encore le verrouillage automatique des 4 portes ainsi que du coffre par un seul tour de clé. Ultime aspect du confort, le silence de fonctionnement excellent en toutes circonstances sans toutefois atteindre la perfection des modèles équipés d’un moteur 8 cylindres en V.

Habitabilité : digne d’une limousine…

Il faut considérer que nous avons affaire à une automobile de plus de 5 mètres de long, 506 cm pour être précis. Pour mieux situer la 280 SEL, rappelons simplement qu’une Rover 3500 fait 470 cm de long et une Peugeot 604 : 436 cm. Il est évident que, dans ces conditions, nous critiquerons moins le manque d’espace vital que la difficulté d’évoluer dans un parking aux dimensions mesurées.

Coffre : grand et pratique

Ses formes nettes, sans recoins, le rendent pratique. Le volume, avoisinant les 580 dm3, le place parmi les plus grand rencontrés sur les voitures classiques… Seuls les bagagistes pourront éventuellement se plaindre de la hauteur du seuil.

Moteur : puissance un peu juste en version automatique

Il peut paraître paradoxal, surtout de nos jours, de qualifier d’un peu justes les 177 ch d’un 2,8 litres 6 cylindres à injection. Surtout, si l’on considère que la 280 SEL atteint 194 km/h en pointe. Mais il faut rappeler que cette limousine accuse le poids respectable de 1 650 kg à vide, ce qui implique un rapport poids / puissance de 9,32 kg/ch, certes supérieur aux 10,6 kg/ch d’un Peugeot 604, mais tout de même insuffisant lorsque l’on désire effectuer un dépassement franc. D’autant plus que la boite de vitesse automatique, au demeurant très agréable, n’autorise le « kick-down » qu’en dessous de certains seuils, et condamne parfois à des reprises molles sur le rapport supérieur, alors que le couple est situé assez haut (4 500 tr/mn). Cela dit, le moteur de la 280 SEL est relativement sobre et sa docilité est évidente.

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Caracteristiques techniques mercedes 280 sel
Caractéristiques techniques

Transmission : une excellente boîte automatique

Dotée de 4 rapports avant et d’un convertisseur de couple hydraulique, cette boîte de vitesse assure des changements de rapports très doux et silencieux. Malheureusement, comme nous venons de le voir, elle pénalise dans certains cas particuliers un moteur qui a déjà fort à faire pour propulser comme il se doit cette encombrante automobile. Bien entendu, la circulation, qu’elle soit urbaine ou routière, s’effectue dans d’excellentes conditions, mais il faut parfois utiliser le kick-down et faire hurler le moteur, pour un dépassement que l’on désirerait à la fois plus net et plus souple.

Direction : douce et précise

Les Mercedes font partie des rares voitures à disposer d’une direction à boîtier précise. Naturellement, la faible démultiplication (3 tours de volant), autorisée par l’asservissement, favorise la précision, mais le résultat n’en est pas moins étonnant. La meilleur preuve en est, qu’exception faite des manœuvres de stationnement, la 280 SEL se conduit du bout des doigts, même à grande vitesse. Le rayon de braquage est également excellent compte tenu du gabarit puisqu’il est de 11,8 m contre 11,5 m pour une 604 beaucoup plus compacte. En fait on souhaiterait seulement un volant un peu plus petit car avec ses 430 mm de diamètre, il atteint presque les dimensions des volants de véhicule utilitaire légers !

Tenue de route : excellente, surtout compte tenu du poids en mouvement

Contrairement à une idée très répandue, il ne suffit pas qu’une voiture soit lourde pour qu’elle tienne la route. Si cela est vrai à l’arrêt, en cas de cyclone ou tornade, c’est tout à fait faux lorsque l’on aborde trop vite un virage. Dans ce dernier cas, ou dans celui fréquent d’une chaussée glissante, il faut plutôt croire à la qualité des pneus, de la suspension, ou de la direction. La 280 SEL donc, en dépit de son poids, tient remarquablement bien la route. Très neutre, même dans les courbes négociées à grande vitesse et en charge, elle prend peu de roulis et accepte fort bien les mauvais revêtements.

Freinage : puissant et progressif

Dotée de quatre gros disques (ventilés à l’avant) et d’un puissant système d’assistance, la 280 SEL sait s’arrêter en souplesse et en silence au feu rouge en ville ou en force à grande vitesse. Dans ce dernier cas, le système anti-plongée fonctionne efficacement et améliore ainsi la stabilité de trajectoire et l’adhérence des roues arrière. En utilisation sportive sur le circuit de Montlhéry, nous avons noté un allongement de la course de la pédale mais une très faible perte d’efficacité.

Consommation : raisonnable si l’on conduit raisonnablement

Il nous fait, une fois encore, considérer qu’il s’agit d’une voiture lourde et dotée d’une transmission automatique. Cela signifie qu’en ville, chaque démarrage effectué nerveusement contribuera à augmenter la consommation dans d’importantes proportions. Dans le cas, beaucoup mieux adapté, d’une conduite paisible, il faut compter 11 à 13 l/100 km sur route et 15 à 16 litres en ville.

Conclusion :

L’esprit le plus critique ne parviendra guère à déceler dans cette 280 SEL d’autres défauts que son prix astronomique ou bien un relatif manque de puissance. Élégante, robuste et sûre, elle est aussi confortable et bien équipée. Que peut-on demander de plus à une automobile ?

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