Même s’il remonte à la venue des Ballets russes à Paris en 1909 dont les superbes décors et costumes fascinent les décorateurs français, le style Art déco connaît son apogée dans les années 1920-1930 avant de se prolonger après la deuxième guerre mondiale. Il emprunte son nom à l’Exposition des Arts décoratifs de Paris en 1925. Un petit édifice, le « Pavillon de l’esprit nouveau », construit par Le Corbusier, attire l’attention des visiteurs. En effet, Le Corbusier y expose le plan Voisin du nom de la célèbre marque d’automobiles qui sponsorise le projet. Ce projet prévoit notamment la destruction de la moitié de Paris et la construction, autour de deux axes perpendiculaires (Défense-Vincennes et Strasbourg-Sébastopol), d’un immense ensemble composé de tours de bureaux de 60 m de haut et de lotissement d’immeubles de cinq à six étages. Le déchaînement de la presse et l’hostilité de l’opinion publique mettent fin à la réalisation du projet.

L’art déco fut adopté dans beaucoup de bâtiments publics, gares, restaurants, hôtels, cinémas et paquebots. Avec ses formes élancées, décors sobres et géométriques, zigzags, courbes, surfaces lisses, il emprunte des motifs aux cultures japonaise, égyptienne, subsaharienne, mais aussi maya et aztèque. Le Corbusier s’impose comme le théoricien du nouveau courant. En 1926, il énonce les cinq principes de l’architecture moderne, tous directement issus des nouvelles possibilités offertes par le béton armé :

  1. Le bâtiment repose sur des pilotis qui dégagent une zone utilisable pour des espaces verts. Il est à noter que ce principe a été peu respecté car la zone étant obscure, elle ne convient pas à la végétation et fait perdre une précieuse surface d’habitation ou d’activité. La Villa Savoye à Poissy et la Cité radieuse à Marseille sont cependant des exemples de son application.
  2. Le toit-terrasse remplace le toit pointu et permet de prolonger le jardin sur le toit.
  3. L’ensemble poutres-poteaux permet de dégager des espaces intérieures modulables en toute liberté. C’est le plan libre.
  4. La fenêtre en hauteur est remplacée par la fenêtre en largeur. Celle-ci a l’avantage de laisser la lumière pénétrer abondamment dans les pièces.
  5. La façade prend son autonomie. Le Corbusier l’appelle « façade libre ». Les poteaux étant placés en retrait de la façade, les murs qui ne portent plus rien, deviennent de simples écorces destinées à protéger du bruit et des rigueurs du climat.

Partons visiter avec Paris Balade quelques-unes des réalisations Art déco dans Paris.

Atelier Ozenfant (53, avenue Reille, 75014 Paris)

Le Corbusier dessine cet atelier pour le peintre Amédée Ozenfant. Façade rythmée par des ouvertures, toutes différentes. Séjour lumineux. Escalier métallique en colimaçon éclairée par une grande baie. La construction fait partie des 16 villas réalisées par Le Corbusier entre 1920 et 1930 pour des riches amateurs, collectionneurs ou artistes.

Immeuble Molitor (24, rue Nungesser et Coli, 75016 Paris)

Il s’agit d’un immeuble dont l’entrée est parisienne et l’arrière se situe à Boulogne. Le Corbusier le réalise en 1935. Façade entièrement transparente qui permet d’inonder les appartements de lumière. L’immeuble est d’abord livré sans cloisons mais les acquéreurs sont réticents et Le Corbusier doit se plier à leur volonté pour ne pas les faire fuir. Il s’était néanmoins réservé les deux derniers étages pour y installer son atelier et son habitation d’une surface d’environ 240 m². L’architecte y vécut jusqu’à sa mort en 1965. L’appartement est géré aujourd’hui par la fondation Le Corbusier qui l’ouvre à la visite.

La rue Mallet-Stevens (75016 Paris)

Cette rue en impasse comprend cinq grands hôtels particuliers construits en 1927 selon le plan de l’architecte Robert Mallet-Stevens qui souhaitait qu’ils soient posés sur le gazon comme dans un parc.

Villa Guggenbühl (14, rue Nansouty, 75014 Paris)

Cette villa est l’œuvre d’André Lurçat qui l’a conçue en 1927 pour un peintre zurichois. Elle comporte, outre un grand atelier, des appartements et, au-dessus de l’atelier, un solarium à demi abrité par une dalle perforée en béton armé. A la différence de Mallet-Stevens qui a surtout travaillé pour des clients aisés, Lurçat se rapproche du Parti communiste et se consacre essentiellement à la construction d’équipements sociaux, comme le groupe scolaire Karl Marx à Villejuif. En 1934, il est invité à Moscou où il construit des immeubles pour le ministère de la santé. De retour en France quelques années plus tard, Lurçat s’engage dans la Résistance.

Villa Guggenbuhl

Le Palais de Chaillot

Il est construit pour l’exposition de 1937 sous la direction d’une équipe de trois architectes, Carlu, Boileau et Azéma. Au début, le bâtiment est accueilli dans un concert de protestations. On lui trouve rigidité, froideur, classicisme réactionnaire et oppressant. En même temps, le parvis devient un des lieux de la capitale les plus prisés par les visiteurs qui apprécient sa vue splendide.

Aujourd’hui, le palais de Chaillot s’inscrit merveilleusement dans le paysage parisien. Il abrite le musée de la Marine, le musée de l’Homme, la Cité de l’architecture et le Théâtre national de Chaillot avec ses deux salles de 1250 et 420 places.

Lycée Camille Sée (11, rue Léon Lhermitte, 75015 Paris)

Il a été construit dans les années 1930 à l’emplacement de l’ancienne usine à gaz Saint-Lambert. Le plan du lycée dessine un U fermé par un bâtiment réservé aux services administratifs. Les salles de classe sont très lumineuses grâce aux vastes baies. L’établissement a été doté à sa construction d’escaliers mécaniques montants et descendants pour les élèves et d’ascenseurs pour les professeurs, ce qui constituait le comble du modernisme. La couleur rosée de l’ensemble est due à l’addition en surface du béton d’un granulat de granit rose concassé et de débris de marbre rose. L’ensemble est l’œuvre de Francois Le Cœur qui est l’architecte du ministère des PTT et à qui on doit une dizaine de bureaux de poste.

 

A bientôt pour la suite de cette balade Art déco avec Paris Balade !

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