Paris Balade vous propose aujourd’hui une échappée belle sur l’île de la Cité. Prenons ensemble le Quai de l’Horloge qui sépare cette île de la rive droite de la capitale, entre le Pont-au-Change et le Pont-Neuf.

Le quai fut bâti de 1580 à 1611, puis partiellement élargi en 1736 et 1816. Il s’y trouvait des boutiques autrefois occupées par des perruquiers. Le quai a porté le nom des Morfondus en raison de son exposition au vent du nord qui morfond les pétons lorsqu’ils le traversent en hiver. Au 19e siècle, on le nommait Quai des Lunettes car il était habité par de nombreux opticiens et lunetiers.

L’Horloge

Aujourd’hui, le quai doit son nom à la célèbre horloge qui décore la Tour de l’Horloge de la Conciergerie. Il s’agit de la première horloge publique à Paris (et en France) qui avait été offerte aux parisiens par Charles V en 1371. Ce fut une innovation extraordinaire quand on sait que  les cadrans solaires cédèrent la place aux horloges publiques sur les façades des mairies, des écoles et des hôpitaux à l’aube du 19e siècle seulement.

L’horloge fut construite par Henri le Vic, horloger lorrain, qui s’installa à Paris en 1370. Il fut logé dans la tour par ordre du roi pour assurer la maintenance de l’horloge. Son traitement était de six sous parisis par jour. L’horloge était munie d’une cloche qui ne sonnait que pour les cérémonies royales et qui donna le signal de la Saint-Barthélemy, le massacre de protestants déclenché à Paris le 24 août 1572.

Seule horloge publique pendant plusieurs siècles, elle subit de multiples transformations, chaque souverain lui apportant sa touche personnelle. Ainsi, Henri III ordonna d’orner l’horloge de sculptures de Jean Goujon. A la révolution française, l’horloge a été considérablement endommagée. Le cadran a été reconstruit en 1849. La dernière restauration date de 2012.

Regardons l’horloge de près. Sous le petit toit qui abrite le cadran sont inscrites les initiales entrelacées « H » et « C » pour Henri II et Catherine de Médicis, et « H » et « M » pour Henri IV et Marguerite de Valois. La petite histoire raconte que le « H » et le « C » entremêlés forment secrètement le D de Diane de Poitiers, favorite d’Henri II. En ce qui concerne les autres décorations de l’horloge, le cadran est entouré de deux figures allégoriques représentant la loi (à gauche) et la justice (à droite).

La Conciergerie

Après avoir fait une halte pour admirer l’horloge, continuons la balade le long du quai.

Le bâtiment de la Conciergerie. Dans l’ancien palais du roi, on appelait conciergerie les lieux soumis à l’autorité d’un personnage important, le concierge, gouverneur de la maison du roi. La conciergerie abrite la Salle des gens d’armes, magnifique espace gothique à quatre nefs qui accueillait le personnel royal au Moyen âge, ainsi que les cuisines où les viandes rôtissaient à la broche dans une cheminée monumentale. A la Révolution, la Conciergerie est aménagée pour recevoir un grand nombre de détenus. Pendant la Terreur, elle devient l’antichambre du Tribunal révolutionnaire. Ses cachots ont vu passer la reine Marie-Antoinette, Mme Elisabeth, sœur de Louis XVI, le poète André Chénier…  Entre janvier 1793 et juillet 1794, près de 2600 prisonniers sont partis de là vers la guillotine de Paris.

Nous avançons maintenant le long du quai. Au numéro 5, la Cour de cassation dont la longue construction démarre en 1861 à l’emplacement de petites maisons privées et d’échoppes ; le bâtiment est inauguré en 1892.

Aux numéros 19, 21 et 23, les immeubles ont été réunis dans les années 1990. Ils forment un ensemble baptisé Hôtel de Harlay et accueillent la Maison du Barreau de Paris.

Au numéro 31, l’ingénieur opticien Louis-Vincent Chevalier (1743-1800) fonda sa maison.

Au numéro 39, Abraham-Louis Breguet (1747-1823) fonda la maison d’horlogerie Breguet. Savez-vous que parmi les clients célèbres de Breguet étaient Napoléon, Talleyrand, l’impératrice Joséphine, la reine Victoria et Winston Churchill ?

Au numéro 69, Vincent Chevalier (1770-1841), fils de Louis-Vincent (voir ci-dessus), ingénieur opticien lui aussi, installa son atelier et travailla sur la conception de lentilles achromatiques pour microscopes. Associé à son fils Charles Chevalier, il commercialisa pour la première fois en 1823 les objectifs achromatiques.

A bientôt pour une prochaine balade avec Paris Balade.

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