Cette fois Paris Balade vous conduit au Théâtre de l’Atelier, un des rares théâtres parisiens du 19e siècle encore en activité. Sa capacité est de 563 places. Il est inscrit dans la liste des monuments historiques depuis 1965.
L’histoire
L’histoire du théâtre remonte au début du 19e siècle lorsqu’un certain Pierre Jacques Seveste, comédien de son état, reçoit par décret royal le privilège de diriger la vie culturelle de la banlieue du Paris d’alors. Quelle en fut la raison ? Seveste connaissait le lieu mystérieux où étaient inhumés Louis XVI et Marie Antoinette ; il confia le secret à Louis XVIII et fut récompensé pour sa fidélité à la cause royale.
Seveste lance la construction de nombreux théâtres dont le Montmartre inauguré le 23 novembre 1822 au cœur du village d’Orsel, à flanc du Mont des Martyrs. La troupe qui s’y produit est composée de ses élèves qu’il exploite sans scrupules en omettant de leur verser une rémunération, ne serait-ce que modeste.
Le théâtre reste dans la famille Seveste jusqu’en 1849. En 1860, la commune de Montmartre qui comprend, entre autres, le village d’Orsel, est annexée à Paris. Le Montmartre devient un théâtre de quartier. Son répertoire, sans ambition, reprend des pièces à succès créées auparavant dans les grands théâtres des Boulevards. En revanche, il se transforme en vivier pour des jeunes comédiens talentueux.
En 1870, la ville de Paris est encerclée par les troupes allemandes. Le rationnement des denrées et mis en place ; le prix de la viande et du pain s’envole. Georges Clémenceau, maire de l’arrondissement, décide d’organiser au théâtre un gala de bienfaisance. Pour l’occasion, La Comédie Française présente une pièce dans laquelle il est question d’un repas. Clémenceau, à l’insu des comédiens, substitue aux aliments en carton de la nourriture véritable. Le spectacle gagne la salle quand un spectateur s’écrie : « Ne mangez par tout ! Laissez-nous en un peu ! ».
En 1907, le théâtre est rénové de fond en comble. Lors de l’inauguration de la nouvelle salle, Sarah Bernhardt triomphe dans une série de représentations de La Dame aux Camélias devant un public ébloui. Quelques années plus tard, le Montmartre se transforme en salle de cinéma tout comme la quasi-totalité des salles de théâtre qui ne résistent pas à l’expansion fulgurante du cinématographe.
En 1922, le comédien et metteur en scène Charles Dullin rachète la salle, la rebaptise Théâtre de l’Atelier et en devient directeur. Il souhaite faire de ce théâtre un lieu de « la poésie et de la réflexion ». Avec foi et détermination, il impose son point de vue en matière de programmation. Dullin privilégie la qualité dans le choix du répertoire et ignore obstinément les aspects purement commerciaux. Il met en scène Pirandello, Salacrou, Shakespeare, Aristophane, et rencontre un succès retentissant avec Volpone de Ben Johnson adapté par Jules Romain et Stefan Zweig. Cette dernière pièce a été jouée plus de 250 fois au Théâtre de l’Atelier à partir de 1928.
Aujourd’hui, le théâtre s’attache avec passion à demeurer un lieu d’excellence fidèle à l’esprit de Charles Dullin. Paris Balade y a découvert le spectacle du critique d’art Hector Obalk intitulé Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures. Nous vous le recommandons très chaleureusement.
Où ?
1 place Charles Dullin
75018 Paris