Dans ce troisième épisode, Paris Balade vous raconte les saisons 1979 et 1980 de Ligier en Formule 1. Retrouvez les épisodes 1 et 2 de la saga Ligier sur notre blog.

1979 : Début de rêve et fin difficile

Le paddock du premier grand prix de l’année, à Buenos Aires, est plein de copies de la Lotus 78. Cette révolutionnaire monoplace à effet de sol, œuvre de Colin Chapman ayant permis à Andretti de remporter le titre en 1978 a fait des émules dans les stands. Ligier en fait partie et sa nouvelle Ligier JS11 à moteur Ford en est un bon exemple.

Pour la première fois de son histoire, Ligier engage deux voitures avec Patrick Depailler venant en renfort de Jacques Laffite. Depailler sort de 6 saisons chez Tyrrell au cours desquelles il a remporté une course et terminé 4ème du championnat 1976 et 5ème en 1978. Il s’agit d’une valeur sûre du moment. Ligier a abandonné le moteur V12 Matra et passe au Cosworth Ford DFV.

La nouvelle voiture est présentée en novembre 1978 à Paris. Une série de tests est mené à partir du 5 décembre au Paul Ricard. Gérard Ducarouge, Michel Beaujon et Paul Carillon ont dessiné une monocoque rigide avec des appendices aérodynamique améliorant le flux d’air. La Ligier JS11 se montre rapide d’emblée au début de la saison en Amérique du Sud. Laffite et Depailler monopolisent la première ligne en Argentine et au Brésil. Depailler prend la tête en Argentine mais se fait doubler par Laffite au 11ème tour pour signer une victoire nette. Depailler termine 4ème après des problèmes d’allumage. Au brésil Laffite signe une seconde victoire de suite, assurant le doublé à Ligier avec Depailler. Ce début de saison de rêve voit Laffite en tête du classement des pilotes et Ligier des constructeurs.

Pourtant, la suite est moins réjouissante. Les deux voitures sortent de la piste en Afrique du Sud. A Long Beach, Depailler assure une 5ème place malgré des problèmes de boite. Le retour en Europe est prometteur : première ligne 100% Ligier à Jarama en Espagne. Depailler prend la tête et signe sa seconde victoire en Formule 1, alors que Laffite abandonne sur problème de boite. A Zolder, les Ligier sont encore les plus rapides en qualification. Depailler mène pendant 46 tours avant de sortir de la piste alors que Laffite signe la 2ème place derrière la Ferrari de Scheckter.

A Monaco, Depailler se classe 5ème, mais il s’agira de sa dernière course de la saison. Un grave accident de deltaplane à Clermont-Ferrand lui brise les deux jambes. Il est forfait pour le reste de la saison. Le 21 juin, le belge Jacky Ickx est confirmé comme remplaçant. Guy Ligier aurait également essayé de contacter le champion du monde 1976, James Hunt, mais ne trouve pas d’accord avec Walter Wolf, l’employeur de Hunt.

Vice-Champion du monde en 1969 et 1970, la demi-saison de Ickx chez Ligier sera une triste conclusion de sa carrière en F1. En 8 courses, il ne se qualifie jamais dans le top 10 et marque des points à seulement deux reprises (5ème au Pays-Bas et 6ème en Angleterre). Guy Ligier songe même à le remplacer par le jeune Derek Daly en fin de saison avant de se raviser.

Les espoirs de titre de Jacques Laffite s’estompent au fil de la saison après son début tonitruant. 3ème en Allemagne, Autriche et Pays-Bas, il perd un autre podium à Silverstone suite à des problèmes moteur. Il abandonne aux 3 derniers GP de la saison et ne peut faire mieux que 4ème au championnat.

Cette saison 1979 laisse de grands regrets, Ligier s’y est montré comme sérieux prétendant au titre avant de sombrer en seconde partie de saison. Le changement de soufflerie en cours de saison et de mystérieux problèmes de traction sur la Ligier JS11 sont évoqués pour expliquer la baisse de performance.

Statistiques 1979

Classement pilote : Jacques Laffite 4ème 36 points / Patrick Depailler 6ème 20 points / Jacky Ickx 15ème 3 points

Classement constructeur : Ligier Ford 3ème 61 points

Meilleur résultat : 1er (Argentine, Brésil, Espagne)

Meilleure qualification : 1er (Argentine, Brésil, Espagne, Belgique)

1980 : Lutte entre Pironi et Laffite

Jacques Laffite est toujours le leader de l’équipe pour cette saison 1980. Patrick Depailler, quant à lui, refuse le statut de numéro 2 et quitte l’écurie pour rejoindre Alfa Romeo. Des discussions débutent avec Didier Pironi au Grand Prix de Hollande 1979 et ce dernier signe avec Ligier le 17 octobre 1979. Guy Ligier déclare : « Jacques et Didier auront un matériel identique, néanmoins la priorité sera normalement donnée à Jacques si il y a un problème sur une des voitures ». C’est également la dernière année de partenariat avec Gitanes, même si Jean Carrière, le directeur du cigarettier se dit intéressé pour prolonger le sponsoring.

Ligier remet au gout du jour la JS11 de 1979 en reprenant sa monocoque et suspension avant, alors que les jupes, la boite de vitesse (Hewland FCB) et la carrosserie sont nouvelles. Cette version hybride nommée JS11/15 était prévue pour le début de saison, elle effectuera finalement toute la saison 1980.

Laffite et Pironi se qualifient 2 et 3 en Argentine mais cassent leurs moteurs en course. Qualifié en 1ère ligne au Brésil, Pironi y marque ses premiers points de la saison en terminant 4ème avec des problèmes de survirage.  En Afrique du Sud, les deux pilotes terminent sur le podium mais ne peuvent battre la Renault Turbo de René Arnoux. Ce podium 100% Français montre à quel point les positions de la France en F1 étaient solides au début des années 80. A Long Beach, les Ligier sont loin en qualification et Pironi termine 6ème.

C’est en Belgique que Ligier va signer sa première victoire de la saison. Pironi est en 1ère ligne et prend la tête au départ pour signer une victoire sans appel, la première de sa carrière. Des problèmes de freins éloignent Laffite des points mais il signe le meilleur tour en course pour se consoler.

A Monaco, Pironi confirme son statut de nouvelle star et signe la pole position, en tête, il est sur le point de signer une seconde victoire de suite, mais sa voiture sort de la piste au Casino suite à un problème de boite. Laffite termine second derrière la Williams de Reutemann.

Dominé depuis le début de saison par le jeune Pironi, Laffite se réveille au Paul Ricard où il signe la pole position. En tête, il ne peut résister au futur champion Alan Jones, et des problèmes de pneus le rélèguent au 3ème range. Pironi le double en fin de course et la tension monte à l’intérieur de l’équipe. A Brands Hatch, les Ligier monopolisent la première ligne, mais la course est un désastre. Pironi mène mais son pneu éclate, rélégué 21ème, il remonte héroiquement 5ème mais crève à nouveau. Laffite subit le même sort, alors qu’il menait la course. Les jantes Gotti sont incriminées et changés au grand prix suivant en Allemagne. Jacques Laffite y signe une victoire émouvante, quelques jours après la mort de son ancien équipier Depailler en essais privés.

Des problèmes de surchauffe de pneus arrière empêchent Laffite de faire mieux que 4ème en Autriche. Au Pays-Bas, il est deuxième avant d’abandonner à deux tours de la fin. Pironi abandonne aux deux courses et Ligier semble connaitre le même sort qu’en 1979. Une monoplace qui perd en performance tout au long de la saison.

Laffite perd ses dernières chances de titre par deux nouveaux abandons au Canada et en Italie. L’ambiance dans l’équipe se détériore encore suite au départ annoncé de Pironi pour Ferrari en 1981. Pironi brille pourtant au Canada qu’il remporte en partant du 3ème rang, mais se voit pénalisé d’une minute pour départ volé et se contente de la 3ème marche du podium. La dernière manche de la saison voit les deux Ligier terminer 3ème et 5ème à Watkins Glen.

Cette saison 1980 aura donc vu Ligier remporter 2 victoires mais Laffite et Pironi se sont pris beaucoup de points l’un à l’autre et l’équipe perd son allant dans la seconde partie du championat. Ligier signe cependant son meilleur classement au championnat des constructeurs en terminant deuxième.

Statistiques 1980

Classement pilote : Jacques Laffite 4ème 34 points / Didier Pironi 5ème 32 points

Classement constructeur : Ligier Ford 2ème 66 points

Meilleur résultat : 1er (Belgique, Allemagne)

Meilleure qualification : 1er (Monaco, France, Angleterre)

Laisser un commentaire

Retour haut de page